• Macron über alles ?

    Il semble désormais admis par presque tous, dont une bonne partie de ses opposants officiels qui s'en désolent officiellement, que Macron est le grand vainqueur de la parodie d'élection de dimanche (Les plus circonspects, très minoritaires, ne poussent l'audace que jusqu'à parler de "demi-victoire"), et que sa réélection dans trois ans est évidemment assurée.

    On devrait en être surpris. Ça a commencé par la blague de l'objectif d'"être en tête". C'était parfaitement idiot s'agissant d'une élection à un tour à la proportionnelle, où celui qui est en tête sans écart significatif n'a guère qu'un élu de plus que son suivant immédiat, mais cette farce a été bruyamment soutenue par les Le Pen, parents et alliés, dont l'intérêt y était évident, et, de façon plus étonnante, par beaucoup d'autres.
    Il y avait une seule liste, regroupant les macroniens et leurs supplétifs bayrouistes, soutenant le gouvernement. On croyait jadis naïvement que le principe de la démocratie représentative était que le gouvernement fût soutenu par la majorité des électeur, même si l'expérience nous avait fait constater que cette majorité était souvent relative, plus près de quarante que de cinquante pour cent. Point du tout: on nous disait qu'un gouvernement pouvait être conforté démocratiquement par moins d'un quart des votes exprimés, pourvu que sa liste fût en tête.

    Même ça n'a pas marché, puisque l'Oiseau migrateur est derrière le dernier rejeton de la famille Le Pen. On pouvait espérer les voir manger leur chapeau, devant l'échec de leur dernier mensonge raisonnablement possible. Toujours pas ! C'est quand même une éblouissante victoire. Comme chacun sait que les "élections" "européennes" sont toujours "difficiles" pour le gouvernement en place, être arrivé deuxième est une remarquable performance qui prouve l'excellence de ce gouvernement.

    C'est un fait que ces "élections" ont presque toujours été désastreuses pour le gouvernement en place. De ce côté là, tout est normal. Mais avant d'en conclure que tout va très bien Madame la Marquise (d'Empire), il serait judicieux d'observer qu'à chaque fois ensuite (sauf en 2007, pour des raisons tristement connues), la suite a été la même: désastre nuancé par des ratiocinations à ces élections bidon et aux élections locales (dans des ordres variables), puis désastre absolu aux élections générales au bout de cinq ans. Il n'y a effectivement rien de nouveau, et c'est pourquoi la suite est aisément prévisible. Giscard, sixième du nom, et son Barre, le dix-septième si je compte bien, ont pris à cette pseudo élection la branlée qu'ils méritaient, et en prendront une pire aux élections réelles. Ce pour une raison simple: il est clair depuis quarante ans que le peuple français ne veut pas du giscardisme, mais ne trouve d'autre moyen de le manifester, quand à chaque fois on lui donne le choix entre le Giscard sortant et un aspirant Giscard, qu'en changeant à chaque fois de Giscard. On ignore aujourd'hui quel sera le Giscard VII qui sortira du chapeau. Qui aurait prévu Macron en 2014 ? Qui aurait prévu Hollande en 2009 ? Mais il est évident qu'il ne sera pas Macron, et sera élu contre lui ou sans lui en prônant la rupture. C'est la règle du jeu: la continuité du giscardisme exige la discontinuité des Giscards.

    Il faut rappeler ici à ceux qui, comme a dit le saint patron de tous nos Giscards (les cinq passés, le présent, et sûrement celui à venir dont l'identité est encore secrète), ont la mémoire courte le résultat des dernières "élections" "européennes". On nous répète à ce sujet que les Le Pen étaient déjà en tête, et que c'est bien la preuve que ça ne prouve rien. Rien, vraiment ? Il semble que la suite ait été tout à fait oubliée, et les tristes sorts du Giscard et du Barre d'alors. Cette année là, les Le Pen avaient obtenu près de 25% de votes exprimés. Un peu plus que dimanche. J'ai entendu sur les ondes de Radio-France un imbécile officiel expliquer que comme l'Oiseau était tout près, ça n'avait rien à voir avec la défaite du PS en 2014. Certes, le PS était alors à 14% des exprimés. Mais l'imbécile semble ignorer que ses listes n'étaient pas cette année là les seules de la majorité parlementaire: les Verts, qui venaient de quitter le gouvernement, mais ne s'y opposaient pas, étaient à 9% (avec, par rapport au PS, la surcote habituelle aux gugusses pour une élection de gugusses, dont j'ai parlé dans une publication précédente). Total de la majorité parlementaire: 23%. Comme on se retrouve ! Les commentateurs officiels macroniens et les pleureuses antimacroniennes officieuses seront certainement surpris d'apprendre qu'après cette excellente performance dans un contexte forcément difficile, François Hollande n'a pas été réélu triomphalement. Pas du tout.

    C'est donc décidément toujours la même chose, et il est lassant d'entendre les macrolatres patentés, et ceux qui gagnent leur vie comme macrophobes, répéter que cet évadé de sous jésuitière est un phénomène absolument exceptionnel, merveilleux ou horrible selon le pitre qui cause. La bonne question n'est pas comment virer Macron (tous ceux qui ont trouvé subtil de voter Le Pen pour ce faire peuvent constater le résultat) mais comment en finir avec un système qui sait à chaque fois trouver un nouveau bouffon pour mener, de façon à chaque fois plus approfondie, la même politique qui ruine notre pays.

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