• Généalogie de la moralisation

    Un montage video très instructif du Huffington Post. Le 5 mars 2017, Zologram déclarait "Et les voilà, celui-ci qui ne veut répondre de rien, qui appelle à l'émeute contre la justice, et l'autre, madame Le Pen, qui refuse les convocations et montre du doigt les fonctionnaires de police qui veulent l'intercepter. Ah bah ils ont bonne mine ! " Le premier, à l'époque, ce n'était pas lui, c'était Fillon.

     

    Ne nous trompons pas: l'avantage de se contredire tout le temps, c'est qu'on a forcément raison une fois de temps en temps. Là, s'il est grotesque sur la forme les deux fois, la deuxième plus encore à cause de la première, sur le fond, c'est la deuxième qu'il a raison. Il n'est pas normal qu'un juge puisse décider arbitrairement (Qu'il soit "indépendant" ou non n'est pas la question. Ce culte de l'"indépendance" est absurde: un salopard indépendant fera des saloperies en toute indépendance) de perquisitionner un parti politique, où il est certain d'ailleurs qu'il ne trouvera rien sur les affaires qui sont le prétexte de cette perquisition.

    Ça fait longtemps que je trouve scandaleux que les juges aient plein pouvoir sur les politiques, et ne change pas d'avis parce que pour une fois c'est le Lider lamberto qui prend.

    Ce qui est curieux, c'est le comportement qu'ils ont tous: voter dans l'enthousiasme des lois démagos sur la "moralisation" qui les mettent toujours plus à poil devant les juges, applaudir quand elles s'appliquent à leurs adversaires, et pleurer que c'est antidémocratique (oui, ça l'est, mais ce sont eux qui votent des lois stupides) lorsque c'est leur tour. Ils votent dans l'enthousiasme pour montrer leur vertu des lois punissant des travaux forcés à perpétuité l'élu qui se paie un mars en utilisant le mauvais compte en banque, et sont surpris quand elles leurs sont appliquées.

    Ça n'est pas propre au Lider lamberto: sa particularité est qu'il en fait, comme toujours, quinze fois trop, dans un sens comme dans l'autre.

    C'est exactement ce que font les cyclistes avec la lutte anti-dopage: on veut toujours plus de contrôles pour montrer qu'on est propre, on bave sur celui qui se fait gauler et quand on est pris à son tour, on dénonce l'injustice de la procédure.

    La "moralisation" de la vie politique a consisté à balancer aux élus et aux partis toujours plus d'argent public, avec toujours plus de contrôles idiots qui permettent de condamner qui on veut quand on veut puisque de toute façon les règles sont impossibles à respecter.

    Il serait beaucoup plus raisonnable de les laisser tranquilles, mais de limiter les subventions publiques pour limiter les dégâts (sentir la merde, mais pas trop, comme disait un camarade).

    Il serait juste, dans un pays civilisé se prétendant démocratique, qu'il y ait pour les partis politiques quelque chose d'à peu près équivalent au secret professionnel des médecins, des notaires, des avocats. Il n'est pas normal, par exemple, que des fichiers orga (surtout pour qui sait, pour en avoir tenu beaucoup, ce que sont ces objets) puissent circuler dans les palais de justice (Si un lecteur pense que ça ne pose aucun problème vue l'intégrité évidente des magistrats et des greffiers, qu'il nous écrive: il a gagné un portrait d'Edwy Plenel).

    Quels élus oseraient envisager seulement de voter une telle disposition ? Si d'ailleurs une telle proposition avait été faite même avant-hier, on aurait entendu brailler les Zinsoumis.

    La judiciarisation de la vie politique est un problème, un de ceux qui annihilent la démocratie dans ce malheureux pays. Mais ce ne sont pas les juges qui l'ont inventée.

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