• Utopie universitaire : ce que pourrait être une licence d'Histoire sérieuse

    Après tant d'années où j'ai été contre toutes les réformes passées, présentes et à venir, je me lance, sur mes vieux jours, dans un projet positif. Logiquement, le résultat ressemblera assez à ce qui existait avant. Pas tout à fait cependant. Constater, ce qui est vrai, que c'était mieux avant ne conduit pas nécessairement à idéaliser le passé.

    Plutôt que d'entreprendre la rédaction d'une réforme globale de l'Université, sans aucune chance d'arriver à son bout, j'ai choisi de m'en tenir à ce que je connais le mieux. Bien sûr, une partie des principes généraux devrait s'appliquer à tous les diplômes ou du moins à certains d'entre eux. Pas tous. Il n'y a aucune raison de poser a prioriqu'une licence d'Histoire, une licence de Lettres, une licence de Mathématiques… doivent avoir exactement la même structure. C'est une des pires monstruosités des réformes qui ont cassé l'Université française que d'être parties de définitions globales d'un diplôme, avant de les décliner selon les matières, monstruosité caractéristique du passage à la fac-garderie où on compte en années « bac plus » et en heures de cours et TD sans souci du contenu enseigné ni des exigences à avoir pour attribuer un titre.

    Il va de soi qu'il s'agit ici d'un exercice gratuit, non que l'application de ce que je préconise ne me semble pas souhaitable, mais parce qu'on ne pourrait pas envisager même le commencement du début de cette application sans avoir préalablement marché sur cent mille cadavres. Il n'est pas certain que ce serait dommage : ce serait compliqué.

     

    Un préalable: on ne parlera pas ici d'aide sociale. Ce qui suit suppose cette question résolue de façon aussi satisfaisante que possible (Je ne crois pas qu'il soit possible de la résoudre de façon totalement satisfaisante, même dans une éventuelle société socialiste: c'est la raison de mon opposition de toujours à l'« allocation d'études pour tous », qui me semble ne pouvoir être qu'une très nocive plaisanterie).

    Il faudrait aussi que soit résolue la question des locaux. Contrairement à la précédente, ce pourrait être fait assez facilement de façon totalement satisfaisante. C'est sans doute pourquoi personne ne l'envisage jamais.

    Principes

    La licence d'Histoire est composée de dix-sept certificats (On reprend l'ancien nom, qui semble devoir être préféré à tous les machin en -eur, en -ul ou en -ment qu'on a inventés depuis. Il y a bien sûr un souci: il ne s'agit pas exactement des certificats d'antan, comme on va le voir immédiatement): six certificats de première année, six de deuxième année, cinq de troisième année.

    Le premier principe est la restauration de la valeur nationale des diplômes. La licence d'Histoire est un diplôme national (c'est encore vrai en théorie, en théorie seulement). La première et la deuxième année (il faudrait trouver à chacune un nom sympathique, qui ne soit pas un barbarisme ni un sigle, et ne crée pas non plus de confusion avec des choses ayant précédemment existé) le sont. Les certificats les composant le sont tout autant. Tout succès à l'un d'entre eux dans une Université vaut pour toutes, pour toute la vie. Il ne sera donc plus question de transferts ou de validation d'acquis, toutes ces choses qui font perdre un temps monstrueux et donnent un pouvoir abominable au personnel administratif: tout titulaire du diplôme de première année peut s'inscrire en deuxième où il le souhaite, même des années après, de celui de seconde en troisième, tout titulaire même d'un seul certificat n'a pas à le repasser s'il poursuit ou reprend ses études ailleurs.

    Cela implique que chaque certificat ait une définition nationale, quant à son intitulé, aux heures de cours et de TD y afférant, et également quant aux modalités d'examen (Ne comptez pas sur moi pour parler de « contrôle des connaissances », invention répugnante caractéristique de la fac-garderie).

    En revanche, le programme précis de chacun dans chaque Université doit être librement défini, dans le cadre de la définition nationale, par le professeur qui en est responsable. Ça relève directement de principes de bon sens, que le règne de la garderie a fait oublier. Le premier est qu'on ne peut pas tout enseigner en trois ans: il n'y a que ceux qui n'ont jamais étudié l'Histoire et ceux qui, ce qui est pire, ont cru l'étudier à Sciences-Po, pour croire qu'elle peut toute être enseignée en trois ans. Il s'agit de faire de l'Histoire sur des sujets forcément limités, et d'acquérir ainsi la capacité d'en faire aussi sur d'autres. Le second, qui devrait être le fondement de tout enseignement universitaire, est qu'on n'enseigne bien que ce qu'on connaît. Il est donc de l'intérêt tant des étudiants que du professeur qu'il parle de ce qu'il connaît. S'il est contraint de parler d'autre chose, il devra y consacrer beaucoup plus de travail pour un résultat évidemment moins bon, ce qui sera nocif à ses étudiants comme à lui.

    Le second principe est une séparation aussi stricte que possible entre cours et examen. L'examen est l'essentiel: il vérifie que l'étudiant a les connaissances requises et, aussi et surtout, la capacité de les exprimer (c'est en particulier pour ça que l'abominable « contrôle des connaissances » est à bannir). Le cours permet d'occuper le professeur, et ceux des étudiants qui estiment n'avoir rien de mieux à faire entre deux sessions d'examen. Il est, quand même, assez incontestablement, le meilleur moyen pour un étudiant de se préparer à l'examen, sauf cas dramatiques qui ne devraient pas exister, qui existaient fort peu en tout cas avant la jospinisation de l'Université française. Il est donc évident que toute obligation d'assiduité est une monstruosité niant le principe même de l'enseignement universitaire, caractéristique du genre de garderie qu'on en a fait. Autant il est absurde d'instituer l'« évaluation », encore un mot répugnant, des cours par les étudiants, ce pour quoi ils n'ont évidemment aucune compétence, autant il est scandaleux de leur refuser le droit, quand ils estiment, à tort ou à raison (généralement à tort quand même, du moins dans une université non jospinisée), qu'un cours ne leur apporte rien, ou simplement avoir mieux à faire (ça peut être travailler, si la question de l'aide sociale n'a pas été résolue, ou bien d'autres choses), de n'y point assister, et de se préparer à l'examen par d'autres moyens. Bien sûr, il ne peut y avoir d'équité parfaire, puisqu'à l'examen, c'est le professeur qui met la note. Mais un professeur qui jugerait non sur la prestation, mais sur l'assiduité à ses cours, mériterait, dans une université civilisée, le titre officiel de dernier des jean-foutre. Si on poussait jusqu'au bout cette juste logique, avoir assisté à tous les cours serait plutôt, pour un étudiant incapable de faire à l'examen ce qu'on attend de lui, une circonstance aggravante. On ne peut bien sûr aller jusque là, pour d'évidentes raisons commerciales.

    Venons en au programme.

    Programme

     On le fondera sur la distinction usuelle entre quatre périodes, ancienne, médiévale, moderne et contemporaine. On sait que beaucoup de gens sont devenus riches et célèbres en démontrant, ce que tout le monde savait déjà, sauf eux apparemment, que telle ou telle de ces coupures était arbitraire, et en en proposant à la place une autre, tout aussi arbitraire, ce qui ouvre la possibilité à d'autres de devenir également riches et célèbres en la contestant à leur tour. C'est totalement arbitraire (comme je ne dis pas que c'est une grande découverte que je fais, je n'ai aucune chance de devenir riche et célèbre), mais c'est établi, et commode. On en restera donc là, 476, même si la déposition par Odoacre de Romulus Augustule n'a pas changé grand-chose, 1453, même si la prise de Constantinople par les Turcs n'a pas eu beaucoup d'influence sur ce qui se passait dans le Nord de l'ancien Occident romain, et encore moins ailleurs, 1815, même si on disait jadis tout aussi arbitrairement 1789, puisqu'ici le changement arbitraire de l'arbitraire semble s'être imposé. Il va de soi que dans la définition précise des programmes, relevant comme on l'a dit de chaque professeur, on peut dépasser de quelques années dans un sens ou dans l'autre.

    Chacune des trois années comprendra donc quatre certificats d'Histoire, un de chaque période, explicitement désignés comme certificats de première année, deuxième année (ou les noms sympathiques qu'il faudrait trouver pour l'une ou l'autre), et de licence à proprement parler.

    Les deux premières années comprendront en outre chacune un certificat de géographie pour historiens, contenant ce qui paraît nécessaire à des études historiques, soit la démographie et le commentaire de cartes, la première à l'écrit, le second à l'oral, et un certificat librement choisi, qui pourra être soit de ce qu'on appelle curieusement une science auxiliaire, soit de n'importe quelle autre matière. Tout certificat obtenu dans le cadre d'un autre cursus, réussi ou abandonné, pourra être retenu. Logiquement, le certificat libre de deuxième année devrait être de la même matière que celui obtenu dans le cadre de la première, mais on peut envisager des exceptions pour des matières qui ne seraient pas enseignées en première année.

    Le cinquième certificat de troisième année sera choisi sur une liste établie nationalement, comprenant les « sciences auxiliaires » et tout ce qui sera jugé utile à un cursus d'historien (langues anciennes, langues vivantes, économie, droit, géographie pour ceux qui y tiendraient vraiment…). Bien évidemment, l'inscription dans tel ou tel pourra avoir comme condition l'obtention d'un du niveau précédent : il n'y aurait aucun sens à laisser, par exemple, s'inscrire en troisième année de latin un étudiant qui n'en aurait point fait depuis le bac, voire jamais.

    Tous les certificats autres que les douze d'Histoire seront bien sûr eux aussi des diplômes à valeur nationale, dont le titre, le nombre d'heures de cours et de TD, les modalités d'examen seront définis nationalement de la même façon. Evidemment, nous n'en parlerons pas dans la suite.

    On ajoute enfin qu'il est souhaitable que des cours pour non spécialistes soient proposés aux étudiants, en langues anciennes ou vivantes, éventuellement en d'autres choses utiles comme l'informatique. Ils pourraient donner lieu à des diplômes propres, à valeur nationale, dont on pourrait se réclamer en sus de la licence. Il est en revanche hors de question qu'ils entrent dans la composition de la licence, pour une raison simple: un examen pour non-spécialistes serait un jeu de massacre si on y exigeait un niveau sérieux, comparable à celui des spécialistes; comme on ne le fait évidemment pas, il est en général une plaisanterie.

    Le but des deux premières années est, en même temps que d'apprendre aux étudiants à faire de l'Histoire, de leur donner un aperçu assez vaste (quoique évidemment très loin d'être exhaustif) des quatre périodes.

    On peut découper tout aussi arbitrairement (sauf pour l'ancienne) chacune en deux: grecque et romaine (il y a d'autres choses, un peu: que leurs spécialistes me pardonnent de les oublier), haut et bas moyen-âge (comme tout le monde sait que le bas est le plus chic, on n'a pas le problème qui s'est posé pour les Alpes ou pour l'empire romain), avant la fin de la guerre de Trente ans et après (ça, c'est moins admis. Purement arithmétique), dix-neuvième et vingtième siècle. Tels seront les huit certificats, quatre en première année, quatre en deuxième.

    Il semble simple, bien que tout à fait arbitraire, de mettre en première années les certificats des demi-périodes les plus hautes (grecque, haut Moyen-Âge, début de l'époque moderne, XIXe siècle), en deuxième les autres. Il est en tout cas indispensable que la répartition soit la même dans toute la France, pour qu'un étudiant qui change de faculté entre les deux années, ou pour redoubler, voie bien les huit.

    Les programmes de chacun dans chaque faculté seront bien sûr définis librement par le professeur, mais devront être assez vastes. Ils comprendront toujours une zone géographique et des limites chronologiques assez larges, jamais de thèmes limités (le professeur restant libre d'insister sur ce qui l'intéresse le plus). On pourra éventuellement donner dans leur définition nationale des indications sur le nombre d'années à couvrir, qui ne sera évidemment pas le même selon les périodes: en ancienne, deux siècles semble une bonne distance, en contemporaine, cinquante ans déjà trop, sauf sur une zone géographique très limitée. Dans les grosses facultés, on pourra donner le choix aux étudiants entre des options à l'intérieur de chaque demi période (exemple: Rome des guerres puniques à la mort de César; Rome d'Auguste à Commode).

    Ce survol forcément partiel effectué, le but en troisième année sera de faire de l'Histoire sur des sujets précis, librement définis par chaque professeur, beaucoup plus restreints thématiquement, géographiquement ou chronologiquement.

    Organisation, examens

    La semestrialisation, répugnante invention de Jospin, Bayrou et de l'UNEF-ID, mère (maquerelle) de la fac garderie, ayant bien sûr été abolie, l'année universitaire (ceci doit bien sûr valoir pour toutes les matières) commencera au début du mois d'octobre et comprendra vingt-cinq semaines d'enseignement (Ce nombre est bien sûr arbitraire, et pourrait être discuté à deux ou trois près. Il n'en est pas moins juste de laisser libre la moitié de l'année pour faire autre chose, dont les examens), coupées en leur milieu approximatif par une semaine consacrée aux examens dits partiels (on y vient), et ailleurs par deux semaines pour fêter Noël, et une pour éventuellement skier. Elle finira donc dans la deuxième moitié du mois d'avril. Il y aura, bien sûr, deux sessions d'examen, la première en mai, la seconde en septembre, dont l'abolition, liée à leur semestrialisation, fait partie des pires méfaits de Jospin, de Bayrou et de l'UNEF-ID, organisées de façons parfaitement identiques. Toutes les dates seront fixées nationalement (sauf pour ce qui est du ski, où on doit parler de zones pour des raisons bien connues): leur définition locale au motif d'autonomie des universités n'a d'autre effet que de produire de la pagaille, sans profit pour personne, sauf ceux pour qui la pagaille est un choix politique.

    Il semble juste, en tout cas pour ce qui est de l'Histoire dont nous parlons ici, de conserver ou rétablir la distinction entre cours magistral, fait une seule fois devant tous les étudiants ayant choisi le certificat, et ce qu'on a appelé fort peu heureusement travaux dirigés, en petits groupes. Les dits travaux dirigés consistent normalement en un exposé fait par un étudiant, toujours sur un commentaire de documents, des questions du professeur, puis des éléments de corrigé donnés par lui, hors une séance d'introduction, une de correction de l'examen dit partiel, et quelques autres éventuellement en fonction des besoins ou des circonstances. La bonne durée (le but étant de donner un enseignement cohérent sans surcharger l'emploi du temps) paraît une heure hebdomadaire pour le cours, une heure et demie pour les travaux dirigés, soit dix heures par semaine pour les quatre certificats principaux, les horaires des autres s'ajoutant. Il ne devra bien évidemment n'y avoir qu'un seul exposé par séance de TD, ce dont on déduira le nombre maximum d'étudiants par groupe. Il faudrait donc que, pour chaque certificat, le nombre de groupes soit déduit du nombre d'étudiants inscrits. Dans les cas où ce serait décidément impossible, qui devront être exception et non norme, il faudra prévoir des aménagements, par exemple la possibilité pour un étudiant surnuméraire de présenter son exposé en privé au professeur, lequel devrait être rétribué pour cela.

    Quant aux modalités d'examen, on conservera la distinction entre examen terminal et ce qu'on a appelé, à tort certes, contrôle continu, avec aussi des épreuves en cours d'année, mais en la modifiant sur un point essentiel.

    L'examen terminal est la forme logique, qui permet à la fin de l'année de constater son résultat, et d'en tirer les conséquences. Il n'en est pas moins souhaitable de donner aux étudiants la possibilité de s'entraîner en cours d'année, et totalement vain d'espérer qu'ils le fassent sérieusement si cela n'a aucune influence sur le résultat final. Il est en revanche, et c'est ce qu'il faut changer, aussi scandaleux qu'idiot qu'un étudiant qui parvient à la fin de l'année à faire ce qu'on attend de lui, soit collé parce qu'il n'y était pas parvenu en cours d'année.

    On propose donc que l'examen pour chaque certificat soit noté sur cent, selon deux modalités distinctes: d'une part, en quatre épreuves, l'exposé oral fait en TD, l'examen écrit partiel de janvier, l'écrit final et un oral final, la note de l'écrit final étant doublée; d'autre part, les deux épreuves finales seulement, l'écrit sur soixante, l'oral sur quarante. Pour les étudiants non inscrits en TD, seule la deuxième compterait, bien sûr. Pour les autres, on calculerait les deux moyennes, et on retiendrait la plus élevée (Pour un ordinateur, ce n'est pas un problème. Ce n'est pas parce qu'on utilise depuis des années ces choses là pour produire des résultats d'examen aberrants qu'on ne peut pas en faire un usage utile): ainsi, celui qui aurait réussi le partiel et l'exposé, et moins l'examen final, profiterait de sa bonne note de janvier, celui qui aurait réussi au printemps ce qu'il avait raté pendant l'année n'aurait pas à se repentir d'avoir passé le partiel. Ce mode de calcul sera valable pour les deux sessions. Bien évidemment, tout étudiant ayant obtenu au moins cinquante points selon l'un des deux comptes sera déclaré titulaire du certificat concerné. Bien évidemment, comme on le faisait naguère avant le règne des ordinateurs, un jury formé de l'ensemble des correcteurs délibèrera souverainement sur les cas des étudiants échouant pour quelques points, et pourra arbitrairement rectifier les notes de certains.

    L'épreuve écrite, tant en janvier qu'en mai et septembre, durera quatre heures, comme jadis, de la distribution des sujets au retour des copies. Les candidats auront, à chaque fois, le choix entre deux sujets, l'un de dissertation, l'autre de commentaire. Les sujets de janvier porteront sur la partie du programme abordée avant les vacances de Noël, ceux de mai sur sa totalité, comprise évidemment la partie précédemment évoquée. L'épreuve orale (rétablie puisqu'elle a été abolie pour des raisons tout à fait sordides, alors même que tous nos pédagogues officiels dénonçaient la primauté donnée à l'écrit) durera un quart d'heure, précédée du même temps de préparation, sur un sujet de leçon choisi parmi deux tirés au sort.

    Un point essentiel : les copies d'écrit seront, après correction, systématiquement restituées à leurs auteurs. Pour le partiel, cela se fera dans le cadre d'un TD, comme on l'a vu. Pour le final, cela devra être fait. Il est bien sûr souhaitable que tous les étudiants qui le désirent puissent discuter de leur copie avec son correcteur. Mais on ne doit plus faire de cette discussion, dont on sait qu'elle n'est pas simple à organiser, la condition pour que l'étudiant puisse prendre connaissance de sa copie corrigée. Il faut en finir avec cette conception, très ancienne mais que les affreuses réformes récentes ont aggravée, qui fait tomber du ciel le résultat sans que le candidat puisse faire le rapport entre celui-ci et ce qu'il a écrit (rapport d'ailleurs de moins en moins évident quand règnent les ordinateurs), toute idée de l'éclaircir de sa part le plaçant en position de contestataire à dégoûter, même quand il cherche seulement à comprendre. Si on croit en la valeur des notes qu'on met, et des annotations et appréciations qui les expliquent, on n'a aucune raison d'en refuser l'accès aux auteurs des copies. Dans le cas contraire… on est un pitre unéfido-jospinien particulièrement répugnant.

    Diplômes, inscriptions

    L'étudiant qui a obtenu les six certificats de première année reçoit le diplôme correspondant, de même pour la deuxième année. Est licencié celui qui a obtenu les dix-sept certificats requis, avec donc le droit de s'inscrire dans l'année suivante, qui ressemblera à ce qu'on appelait naguère maîtrise, jadis diplôme, et pas du tout à l'affreux mastère attalo-unefidien, celui de présenter les concours demandant ce titre, et plus généralement celui de s'en réclamer à toute fin utile, ou pas d'ailleurs.

    Bien évidemment, il ne sera pas question de compensation entre les notes d'un certificat à l'autre, cette invention de gens qui n'ont jamais appris qu'on n'additionnait pas les choux et les carottes.

    Il faut cependant prévoir le cas d'étudiants qui se trouveraient bloqués durablement à cause d'un certificat manquant, voire deux, après avoir obtenu tous les autres. Le plus simple est celui de qui aurait soutenu son mémoire, mais échoué en mai et en septembre au dernier certificat lui manquant. On peut aussi, quand on n'a pas souhaité poursuivre par un mémoire, être empêché de se présenter à un concours pour la même raison. On donnera donc à un jury le devoir d'examiner ces cas, ceux des étudiants titulaires d'au moins quinze certificats l'année précédente, et à qui il en manque touours après deux sessions de plus, et le pouvoir de donner, après étude de leurs dossiers, à certains d'entre eux la licence, avec mêmes droits, sur dispense d'un, voire deux certificats. Il ne pourra s'agir que de décisions arbitraires, au cas par cas. Si elle était automatique, cela reviendrait à afficher qu'il suffit de seize, voire de quinze, certificats pour être licencié, ce qui conduirait certains à en oublier volontairement un ou deux… et ramènerait au problème précédent pour tous ceux en ayant eu quatorze qui se trouveraient ainsi manquer la licence pour un seul certificat.

    On donnera en revanche automatiquement à tout étudiant ayant obtenu six certificats, dont au moins quatre d'Histoire (non nécessairement de quatre périodes différentes), le diplôme de première année, même si certains sont de deuxième, avec tous les droits y afférant, un surtout auquel on viendra.

    On a déjà là abordé implicitement la question de ce qu'on a appelé depuis assez longtemps le passage conditionnel, source de nombeuses aberrations, de plus en plus à chaque réforme. Le système de certificats séparés ayant tous valeur nationale que nous proposons ici permet de la résoudre aisément, par deux principes simples.

    Premièrement, tout étudiant ayant obtenu un certificat de première année, d'une des quatre périodes, de géographie pour historiens, ou celui qu'il a choisi comme certificat libre, a le droit, s'il n'a pas obtenu le diplôme, à son inscription suivante, de s'inscrire à celui de deuxième année correspondant, et de même pour ceux de troisième année.

    Deuxièmement, tout étudiant ayant obtenu au moins deux certificats de première année peut s'inscrire à huit certificats, ceux qui lui manquent pour la première année, et autant de deuxième qu'il voudra dans cette limite. Ainsi, celui à qui il ne manque que deux certificats a la possibilité de réussir sa deuxième année en complétant la première, celui à qui il en manque plus de prendre néanmoins de l'avance pour la suite. Le même principe s'applique ensuite pour les certificats de troisième année: celui à qui il manque moins de huit certificats des deux premières peut s'inscrire à certains d'entre eux, les cinq s'il lui en manque trois ou moins.

    Enfin, peut s'inscrire dans l'année suivant la licence, qu'on appellera décidément, si on ne nous propose pas mieux, maîtrise, à fin exclusive de mémoire bien sûr, qui est titulaire de quatorze certificats de licence, sous réserve bien sûr de préparer à nouveau les un, deux ou trois manquant, en pouvant espérer en cas d'échec l'indulgence du jury que nous avons prévu, mais sans certitude.

    On rappelle que, chaque certificat ayant une valeur nationale reconnue, on pourra changer d'université ou de faculté (selon ce qu'il aura été fait des abominables universités Faure, rendues plus abominables encore par Savary, Pécresse, et peut-être d'autres que j'oublie) au début de chaque année quand on le souhaitera, sans autre obligation que celle de présenter ses diplômes (un certificat en étant donc un) à l'instance chargée de recueillir l'inscription. Il devrait même être possible de passer la même année des certificats en différents endroits, dans des limites raisonnables (en première et deuxième année, seulement pour les certificats libres).

    Il semble nécessaire, même si c'est bien triste, de continuer à limiter le nombre des inscriptions possibles après échec, dans l'intérêt même des étudiants qui perdraient leur temps à s'obstiner dans une voie où ils échouent décidément. Mais cette restriction ne doit porter que sur la première année : les réformes successives, en la diluant ont produit, ce qui est dans la logique de la fac garderie, des aberrations permettant tant de perdre des années sans succès aucun que se trouver expulsé sans recours possible après un succès partiel.

    Qui a obtenu sa première année dans les conditions sérieuses que nous avons définies a prouvé qu'il était capable de faire ce qu'on attendait d'un licencié d'Histoire, la suite n'étant question que de patience ou d'obstination. L'obtention du diplôme de première année d'Histoire donnera donc le droit, acquis à vie, à son titulaire de s'inscrire en deuxième année d'Histoire où il voudra, à quelque rentrée universitaire que ce soit et, également, en première année dans toute matière qu'il souhaitera étudier, où tout bachelier peut s'inscrire sans exigence supplémentaire (On pense là aux sciences pour lesquelles n'importe quel bac, même si les lois de la garderie disent le contraire, ne suffit pas toujours, et ne pourra suffire même si le bac redevient quelque chose de sérieux, aux langues dites vivantes non étudiées préalablement, et même au latin et au grec, même si ce n'est pas ce qu'on fait actuellement, à tort vraisemblablement. Bien sûr, si on refaisait du bac quelque chose de vraiment sérieux, le problème ne se poserait plus sur ce dernier point).

    On peut, inversement, considérer qu'il est raisonnable de conclure qu'un étudiant qui a passé deux ans en première année sans aucun succès aux quatre sessions d'examen n'est pas à sa place, sauf raisons, de santé ou autres éventuellement (Mais non, comme cela a souvent été le cas depuis longtemps, trop longtemps, l'adhésion à l'UNEF-ID), justifiant une dérogation pour une troisième inscription, voire plus. Il serait néanmoins juste de prévoir un délai de prescription (dix ans ?) permettant à qui le souhaite, ayant mûri, de reprendre des études en marge d'un travail ou faute de travail, sans être banni par un échec à la fin de l'adolescence.

    Reste le cas, beaucoup plus compliqué, de qui, en deux ans, n'aurait réussi que partiellement la première année, qu'il serait évidemment injuste d'expulser s'il souhaite continuer. Si nous nous en tenons à nos nobles principes, celui qui a réussi un certificat d'Histoire est capable d'avoir les onze autres. Mais il arrive aussi à ce jeu que le hasard s'en mêle, ce pour quoi il faut douze certificats. On peut considérer en tout cas qu'avec quatre certificats de première année, dont deux d'Histoire au moins donc, on a le droit imprescriptible de se réinscrire en Histoire, qu'avec moins (pourvu qu'il y en ait un d'Histoire), on a droit à au moins une année de plus.

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    Voilà. On a constaté qu'il serait assez simple techniquement de revenir à un diplôme qui retrouve le sérieux de l'ancienne licence tout en en corrigeant certains inconvénients. Évidemment, c'était pour rire, comme on l'avait indique dès les premières lignes.

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